JP Decomis

À cheval sur Dolières et Brouillac, Jean-Paul cultive le pois chiche sur des terres viticoles en reconversion. Engagé dans une agriculture locale et diversifiée, il introduit progressivement les légumineuses dans ses rotations, entre céréales, fruits, légumes et vigne. Dans cet échange, il partage son expérience d’une agriculture résiliente, durable et ancrée dans la dynamique collective de la filière MaTerrae.

1. Qui êtes-vous et où se situe votre ferme ? 

Je m’appelle Jean-Paul Decomis. Mon exploitation est située dans le Var, à cheval sur les communes de Dolières et Brouillac. Elle s’étend sur environ 150 hectares. C’est une exploitation familiale, initiée il y a plus de 55 ans par mon père, et que je poursuis aujourd’hui en lien avec d’autres membres de la famille. La relève semble d’ailleurs en bonne voie. Nous y cultivons principalement de la vigne, mais aussi des céréales, des légumes et des fruits.

2. Sur quel type de terres cultivez-vous les légumineuses ?

Les terres sont variées selon les secteurs de l’exploitation, avec des sols argileux ou calcaires. Je cultive actuellement 2,5 hectares de pois chiche, sur des parcelles déjà agricoles. Certaines ont été utilisées pour la vigne, d’autres remises en culture après une période de jachère. Cette année, je teste également la culture de lentilles entre les rangs de vigne. L’idée est d’enrichir les rotations, de diversifier les productions et d’optimiser l’usage des surfaces disponibles. Ce sont des essais encore récents, mais qui ouvrent des perspectives intéressantes pour l’avenir.

3. Pourquoi cultiver du pois chiche ici, en Provence ?

Le pois chiche était déjà cultivé sur l’exploitation auparavant, mais nous avions arrêté à cause des dégâts causés par les sangliers. J’ai repris cette culture récemment, dans une logique de diversification.

C’est une légumineuse emblématique de la Provence, historiquement bien implantée dans notre région méditerranéenne. Elle s’intègre naturellement dans les rotations et répond à une demande croissante pour une alimentation plus végétale, locale et accessible. Le contexte climatique provençal s’y prête bien, notamment pour des cultures comme le pois chiche ou la lentille.

4. Comment le cultivez-vous (techniques, pratiques durables) ?

Le pois chiche est une culture relativement simple, qui demande peu d’intrants. La récolte se fait comme une céréale, mais la présence d’adventices peut compliquer le tri après moisson. Certaines, comme le chardon, gênent mécaniquement la récolte ; d’autres peuvent altérer la couleur des grains et nuire à leur aspect visuel. Même si cela n’affecte pas le goût, c’est un critère important pour les consommateurs.

Les rotations jouent un rôle essentiel. Si les essais sont concluants, l’objectif serait d’alterner légumineuses et céréales, voire d’intégrer ces cultures entre les rangs de vigne, comme cela a été tenté cette année avec les lentilles.

5. Comment valorisez-vous votre production de pois chiche ?

Je vends ma production exclusivement en circuit court, dans un rayon local restreint. Elle est proposée soit sous forme de pois chiche sec, soit en barquettes prêtes à consommer. Dans ce cas, les pois chiches sont mis à tremper la veille, puis cuits.

Cette double proposition permet de répondre aux différents besoins des consommateurs : ceux qui aiment cuisiner eux-mêmes, et ceux qui recherchent des produits pratiques, prêts à l’emploi, mais toujours locaux et de qualité.

6. Que représente la filière MaTerrae pour vous ?

MaTerrae, c’est l’opportunité de rejoindre une dynamique collective ambitieuse, capable de structurer une véritable filière locale autour des légumineuses. Elle permet de coordonner la production, d’ouvrir des débouchés solides — notamment en restauration collective — et de gagner en visibilité.
Si l’organisation est bien posée et que les besoins sont clairement identifiés, je suis prêt à allouer davantage de surface au pois chiche. La clé, c’est de pouvoir transformer et commercialiser efficacement, en s’appuyant sur une logique de coopération territoriale.

Truc & astuce du producteur

Un pois chiche prêt à consommer, sans compromis sur la qualité 

« Certains préfèrent cuisiner eux-mêmes, d’autres n’ont pas toujours le temps. En proposant du pois chiche sec et des barquettes déjà cuites, j’essaie de m’adapter aux habitudes de chacun. C’est aussi une manière simple de redonner envie de consommer local. »