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Entre La Verdière et Brignoles, Aymerick Paz cultive le pois chiche avec passion. Dans cet entretien, il partage sa vision d’une agriculture durable et enracinée dans le terroir provençal.
Je suis Aymerick Paz. Je suis installé depuis 5 ans. Ma ferme se situe en Provence, avec une partie autour de Brignoles et environ 80 hectares sur la commune de La Verdière. J’ai quelques parcelles familiales, mais c’est anecdotique par rapport à l’ensemble. La majorité de mes terres sont en pré-usage, c’est-à-dire en location avec tacite reconduction. Au total, j’ai environ 150 hectares.
Je cultive les légumineuses dans le cadre d’un système agronomique planifié sur huit ans : 4 ans de luzerne, 2 ans de blé, 1 an de pois chiche et 1 an de petit épeautre. À la base, je suis paysan, meunier et boulanger, avec une spécialité céréalière. Ce sont donc des terres déjà cultivées, pas des friches.
Le pois chiche s’adapte parfaitement aux sols et au climat provençaux. C’est une culture traditionnelle de la région, qui a toute sa place dans mon système de rotation. Son cycle correspond à mes besoins, et il présente un vrai potentiel de valorisation locale. Pour moi, c’est un choix logique, à la fois agronomique et économique.
Je cultive le pois chiche en agriculture biologique, ou en cours de labellisation, sans utiliser d’herbicides ni de pesticides. Le désherbage se fait de manière mécanique, à l’aide d’une herse étrille que je passe au stade deux ou trois feuilles pour arracher les herbes concurrentes.
Cette culture est sensible à certains ravageurs, comme la mouche du pois chiche ou la chenille helicoverpa. Pour limiter les dégâts, je veille à maintenir une rotation rigoureuse. Par ailleurs, mes parcelles de La Verdière se trouvent sur un domaine privé entièrement clôturé, ce qui limite fortement la pression des sangliers.
Je vends toute ma production en circuit court : en AMAP, dans un magasin de producteurs dont je suis associé, en vente directe à la ferme, ainsi que via deux coopératives locales, la SCIC de Brignoles et la SCIC MaTerrae. En 2025, j’ai alloué 6 hectares au pois chiche, une surface que je pourrai augmenter si la demande suit.
Je propose principalement du pois chiche sec, mais je développe aussi une gamme de produits transformés en bocaux, comme la pois chichade — une crème de pois chiche au cumin — et de la farine de pois chiche, lorsque les conditions de séchage le permettent. L’hiver dernier, par exemple, l’humidité était trop élevée pour permettre la mouture. Je conserve également une partie de la récolte pour mes semences fermières, afin de rester autonome d’une année sur l’autre.
Pour moi, MaTerrae est une belle opportunité. Je ne cherchais pas spécialement à développer un nouveau débouché, mais cette proposition est arrivée au bon moment. Elle permet d’inscrire ma production dans une dynamique collective, locale et structurée. Si la filière se développe comme prévu, je pourrai envisager d’augmenter les surfaces consacrées au pois chiche, en fonction de mes capacités de stockage et de valorisation. L’idée, c’est de produire au plus juste, en cohérence avec la demande.
Une bonne farine commence par un pois chiche bien sec
“Pour moudre le pois chiche, il faut qu’il soit vraiment sec. En hiver, l’humidité peut tout bloquer : impossible de le passer à la meule. J’envisage d’investir dans une petite cellule de ventilation, juste pour faire baisser l’hygrométrie naturellement. Pas besoin de gros moyens : un peu d’air bien géré suffit souvent à sauver une belle récolte.”